Shutter Island ****
Réalisateur: Martin Scorsese
Acteurs: Leonardo Di Caprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley...
Genre: Policier/Fantastique/Thriller
Résumé: Teddy Daniels, un marshall accompagné de son coéquipier Chuck, se rend sur l'île de Shutter, hopîtal psychiatrique pour patients jugés dangereux pour enquêter sur la disparition d'une patiente. Mais est-ce bien là le seul mobile de sa présence ?
Leonardo Di Caprio semble devenir le nouvel acteur fétiche de Martin Scorsese, au même titre que Robert de Niro ou Joe Pesci. Shutter Island est donc le 4ème film issu de cette collaboration, après Gangs of New-York, Aviator et les Infiltrés. Shutter Island est un Thriller, genre qu'il n'a plus approché depuis Les Nerfs A Vifs, qui date quand même de 1991. Et il ne semble pas avoir perdu la main, tant l'atmosphère est étouffante autant dans l'exploration du pénitencier/hôpital que dans les rêves de Teddy. Car le film est doublé de scènes d'un onirisme remarquable, reflétant à merveille les angoisses du héros et les problèmes qui se posent à lui. Il est à noter que seules ces scènes bénéficient d'une photographie lumineuse et colorée, le reste du film étant plongé dans une impressionnante tempête tropicale.
L'histoire est très prenante et on constate vite qu'il ne s'agira pas de ce que l'on croyait au premier abord. Car le spectre des camps de Dachau et du traumatisme qu'ils ont provoqué sur Teddy remonte à la surface pour donner une toute autre tournure à l'histoire, bien plus terrifiante. Avec cette nouvelle donnée, on constate trois univers visuels reconnaissables : le présent (l'île, la tempête, les branches d'arbres qui volent à travers l'écran), le passé (avec la musique de Mahler, les camps de Dachau, la brume et la teinte grise/blanche de l'image) et enfin le rêve (couleurs chaudes, idée de nostalgie). Des trouvailles visuelles assez impressionnantes sont visibles, notamment lors des rêves (la femme de Teddy entrain de se consumer sous ses yeux.)
Scorsese propose à Di Caprio un rôle dans la continuité de ses précédents films, traitant notamment de la folie (Aviator), ou du jeu de rôle dangereux (Les Infiltrés). Je ne m'attarderais pas sur ce sujet mais vous renvoie à l'analyse qu'en a faite Franck Kausch dans « Positif », numéro de mars 2010. Ce qui m'amène au dernier point: la musique. J'appréciais Scorsese pour son soucis de reconstitution de l'époque de l'histoire, et ce à travers les costumes, mais surtout la musique. Or, celle de Shutter Island se veut réellement angoissante, à l'image du thème où l'on semble entendre un fond de cornes de brumes, qui dès le générique de début donne au film le ton suffocant qui le suivra jusqu'à la fin (et même plus, le film portant à réflexion).
En conclusion, je dirais que j'ai beaucoup apprécié ce film, un thriller psychologique intelligent et subtilement construit à l'époque de bulldozers tels que Saw. Il marque la poursuite de la période Di Caprio dans la cinématographie de Scorsese, et j'oserai dire rompt avec la période De Niro / Pesci (Raging Bull, Les Affranchis et l'extraordinaire Casino).
Effectivement, Scorsese manie bien son outil et son travail est de qualité. Je regette simplement que l'on comprend trop vite l'aboutissant. Pour ce qui est de la BOF je suis d'accord, la musique est à mon sens essentielle dans un film, c'est le polongement du jeu des acteurs et de leurs dialogues, donc d'une importance capital.
Bye!