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Critiquer n'est pas critiquer

Mardi 12 juillet 2011 à 9:32

 Une séparation *****
(Jodaeiye Nader az Simin)

Réalisé par : Ashar Farhadi
Avec: Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini, Sareh Bayat, Sarina Farhadi
Genre: Drame

Résumé: Nader et sa femme Simin décident de divorcer, car Simin veut quitter l'Iran avec sa fille. Or, le père de Nader est atteint d'alzheimer, et demande des soins constants. Maintenant que Simin a quitté le logement familial, Nader engage une bonne pour s'occuper de son père. Tout tourne mal. 

Le cinéma iranien est assez étrange: les meilleurs films et réalisateurs y apparaissent (comme Kiarostami par exemple), le tout dans un climat de tension hallucinant, le cinéma étant bridé de manière extrême. Cette tension propre au pays et à ses dogmes ressort en tout instant dans Une Séparation. Si le spectateur s'attend à voir un simple drame, il n'en est rien, le film prenant littéralement aux tripes, dans un rythme ultra-rapide plus propre au thriller. Les actions se succèdent, comme une locomotive que rien ne peut arrêter, si bien que le film en devient suffocant, et âpre à regarder. Ce climat est renforcé par l'absence totale de musique.

Le film partage avec le thriller une intrigue juridico-policière, et ce dès le premier plan en mettant le spectateur à la place du juge. C'est bien à nous qu'il incombe de déterminer qui dit la vérité, qui ment. Cette quête tourne entièrement autour d'un plan absent au centre du film, autour duquel toutes les scènes orbitent, son absence empêchant la compréhension des faits. Il ne nous reste plus qu'à observer les différents personnages, ayant tous des parts d'ombres et de lumières, ne cherchant finalement qu'à se sortir d'une affaire sordide. Cela ne serait possible sans les acteurs, absolument extraordinaires, méritants amplement l'ours de Berlin collectif attribué, et autant l'ours d'or. 

Le film est de même reflet de son pays, et l'on voit bien vite que les différentes motivations des personnages sont régies par les conventions sociales et surtout religieuses, comme cette scène où Razieh (la femme de ménage employée et centre de l'affaire policière), laisse le père de Nader trempé d'urine, et finit par appeler un Imam pour savoir s'il est péché de le laver, où si elle peut lui venir en aide. Ce rapport à la religion la bloque dans beaucoup de scènes du film, et crée des situations intenables (d'autant plus qu'elle travaille, sans l'accord de son mari, dans la maison d'un célibataire). 

En conclusion, ce film est une petite perle du cinéma iranien et réussit à travers une histoire morbide mais banale, à fasciner le spectateur tout en le suffocant, suffocation que ressentent probablement les réalisateurs iraniens, dont l'arrestation de Panahi représente bien l'ambiance actuelle. 

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Par trofimov le Samedi 23 juillet 2011 à 19:21
J'ai vu aussi le film mais je ne crois pas avoir ressenti un effet de suffocation. J'ai plutôt été impressionné par la façon dont le réalisateur et scénariste a construit un évènement auteour du quel gravité tous les personnages et surtout par sa capacité à ne pas prendre partie pour l'un ou pour l'autre. Chacun a des motivations " morales" tout aussi respectables.Comme disait Renoir dans La Règle du Jeu" chacun a ses raisons. J'admire le cinéma qui nous permet de comprendre çà.
 

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