Pater ****

Réalisé par : Alain Cavalier
Avec: Alain Cavalier, Vincent Lindon
Genre: Méta-film politique

Résumé: Tournage d'un film politique, entre documentaire, making-of et film avec Vincent Lindon et Alain Cavalier.

Vous connaissez à présent mes goûts pour le méta-cinéma, les films réflexifs sur le cinéma. Pater fait définitivement partie de ce registre. Alain Cavalier invite donc Vincent Lindon à participer activement (y compris derrière la caméra), au tournage d'un film où ils seraient présidents et ministres. On ne sait donc jamais réellement si ce que l'on voit est film, réalité, improvisation ou pas. Le dispositif est des plus simples, avec une caméra en plan fixe, et des plans de coupe du chat de Cavalier, avec la voix du réalisateur, grave et douce. La première chose qui m'a frappé est la légèreté du film. Pourtant, la politique est tout sauf un sujet léger, d'autant plus actuellement. Et pourtant, le film est drôle, et même si il aborde des problèmes bien réels, il reste du côté du jeu constant. C'est bien ce qui ma plu chez ces deux personnalités du cinéma français, amenées à jouer le jeu, réminiscence du "on fait comme-ci" enfantin. La place laissée à l'improvisation, même si elle est indéterminable réellement, est clairement visible, notamment lors d'une rencontre en forêt "entre ministres", où Cavalier ouvre la scène en disant: "A partir de maintenant, c'est la fiction. Dites ce que vous voulez, ce qui vous passe par la tête". 

On ne sait jamais comment prendre le film, et peu peuvent se dire à la fois film et making-of comme celui-ci. La frontière entre la fiction et le réel (mais l'est-il bien ?) est de plus en plus mince, si bien qu'on ne sait rapidement plus du tout dans quelle partie nous sommes. Il ne reste plus qu'à se laisser porter par le jeu de ces deux acolytes. Mais ce jeu en est-il bien un ? Le statut du réalisateur sur le tournage est-il si éloigné de celui du président ? Et qu'en est-il de cette scène où Vincent Lindon dit qu'il pourrait être premier ministre ? A côté de scènes légères comme l'ouverture du film, ou la découverte de la garde robe de Vincent Lindon, ce genre de questions paraissent bien étranges, mais sont pourtant présentes. 

Pater est donc une réussite, mais il faut garder en tête en allant le voir que ce film est incasable, un vrai OVNI dans le cinéma français, comme pouvait l'être Road To Nowhere, mais en intégrant encore plus la réalité, jusqu'à imbriquer le film et sa création dans un seul nouveau format, jusqu'à présent rarement vu.


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