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Critiquer n'est pas critiquer

Dimanche 29 mai 2011 à 10:41

 The Tree of Life ***** Coup de Coeur
 
Réalisateur: Terrence Malick
Avec: Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter Mc Cracken
Genre: Film initiatique halluciné

Résumé: L'enfance de Jack, tiraillé entre un père autoritaire et une mère dévote. 

Terrence Malick fait partie de ces grands réalisateurs à n'avoir réalisé que peu de films dans leur carrière, mais tous excellents, groupe select dont font partie Tarkovski et Kubrick ( et Charles Laughton dans une autre mesure). L'attente qui précédait The Tree of Life était donc immense, et le résultat est sans commune mesure. A peine sorti de salle, une idée fixe était là: ce film gagnera la palme d'or de Cannes. Le succès public n'est pourtant pas garanti, tant le film est hermétique et impalpable. Film sur le tout et le rien à la fois, sur l'origine de l'univers comme celui d'un enfant, il est une expérience sensorielle plus qu'un film narratif. Il a de même divisé le public et la critique, de par son mysticisme catholique très poussé et sa séquence sur la création de l'univers. En effet, la dichotomie est faite dès le début: les hommes choisissent deux voies distinctes: celle de la nature ou celle de la grâce. Et cette distinction hantera le long du film, à travers le père de Jack (Brad Pitt), autoritaire et violent, et sa mère (Jessica Chastain), constamment tournée vers la religion. Le film suivra alors l'initiation à la vie de cet enfant, et la voix qu'il choisira selon ses choix, et les conséquences. Tour à tour merveilleux, agréable ou très sombre, The Tree of Life représente parfaitement cette période de la vie, qui détermine grandement l'adulte à venir.

Côté réalisation, on est assez loin du Malick des Moissons du Ciel, même si les obsessions du réalisateur sont toujours présentes par le rapport romantique à la nature et à l'animal. La caméra est en effet constamment à l'épaule, et bénéficie d'une liberté que je n'avais pas vue au cinéma depuis Enter the Void dans un tout autre genre. La caméra plane, tournoie, suit les protagonistes pour donner un côté onirique au film, aspect renforcé par un montage basé sur les ellipses temporelles fréquentes, le jump-cut, et bien sur la fin du film totalement hallucinée. L'impression de regarder un rêve, ou plus justement des souvenirs, est extrêmement présente, je crois qu'aucun film ne s'est aussi bien approché des souvenirs d'enfance, parfois flous, parfois d'une précision incroyable, et tout ce que ceux-ci amènent de joie, mais aussi d'obscurité. 

En définitive, une palme totalement méritée pour un des plus beaux films de l'année. 2011 est riche en surprises, et nous avons déjà eu une moitié d'année extraordinaire au cinéma. Reste à voir si le reste de l'année continuera sur cette lancée...

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Samedi 21 mai 2011 à 10:56

Minuit à Paris ***

Réalisateur: Woody Allen
Avec: Owen Wilson, Rachel McAdams, Michael Sheen, Marion Cotillard
Genre: Comédie Fantastique

Je dois admettre que je n'avais pas vu de Woody Allen avant de voir Minuit à Paris. J'y suis donc allé sans attente ou apriori, uniquement attiré par un scénario nostalgique qui m'intéressait, et avec le souvenir de la performance d'Owen Wilson dans les films de Wes Anderson. Si vous n'avez pas vu ce film, ou comptez aller le voir, je vous conseille de ne pas continuer à lire cette critique, étant donné que je vais spoiler quelques éléments de l'intrigue qu'Allen a voulu maintenir secrets. 

Résumé: Gil, un écrivain débutant, est en voyage à Paris avec sa femme, qu'il a l'intention d'épouser à son retour aux Etats-Unis. Cependant, il préférerait rester à Paris, attiré par le charme de la ville. Il est par ailleurs fasciné par les années 20, persuadé qu'elles étaient les plus belles années que connut Paris. Il lui est alors donné de vivre, la nuit, le Paris du début du siècle.

Le film s'intéresse donc à la nostalgie, et surtout à la fameuse phrase "C'était mieux avant", qui résonne tout le long du métrage. Et Woody Allen réussi son coup sur ce point, le twist du début de film lui permettant de mettre en scène l'élite artistique de Paris en ces temps où se croisent Hemingway, les Fitzgeralds, Dali et autres Bunuels. Le problème est que la plupart de ces apparitions relèvent plus à mon goût du fan-service culturel que de l'intrigue travaillée et réfléchie. Et passé la découverte du Paris des années 20 arrive le sujet du film: toutes les époques vivent le regard vers un passé qu'elles pensaient meilleur. Et à partir de là, le film coule dans un flot de clichés, sur fond de naïveté, jusqu'à la fin, assez hilarante en cliché.

Au final il reste donc un bon film, très jouissif à regarder, drôle et bénéficiant de décors et costumes remarquables, servis par des acteurs au diapason, mais tout cela reste désespérément vide, voire creux. Un film sympathique, mais sans plus.


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Dimanche 15 mai 2011 à 10:58

 Road to Nowhere *****

Réalisateur: Monte Hellman
Avec: Shannyn Sossamon, Rygh Runyan, Dominique Swain, Cliff de Young
Genre: Film Noir, Méta-film

Résumé: Un réalisateur revient à la scène et filmant l'histoire d'un politicien partit avec sa maîtresse et quelques milliers de dollars, et à priori morts peu après. Il tombe alors amoureux de l'actrice principale, et se retrouve impliqué à son insu dans une intrigue politique qui le dépasse. 

Dire que le dernier film de Monte Hellman est attendu serait un euphémisme, ses derniers grands films datant des années 70 (Two-Lane Blacktop, Cockfighter). Mais on ne s'attendait probablement pas (en tout cas pour ma part), à nous livrer un tel film. Devant quoi nous trouvons nous ? Méta-film sur le retour d'un réalisateur, on ne peut que penser à son vrai créateur, Monte Hellman. Ce n'est pas pour rien si le personnage principal devait à l'origine porter son nom. Le film entretient de plus la confusion, en ne montrant pas au début le vrai générique, mais bien celui du film dans le film, avec le nom des personnages et non celui des acteurs. Pour faire simple, je placerais ce film dans le genre des films autobiographiques tels que Le Miroir de Tarkovski, ou La Science des Rêves de Gondry. Il est intéressant au vu de ces trois films, que plus le film se veut imprégné du réel, plus son format devient fantaisiste, la narration est bouleversée...  A la fin du film, on remarque la mention "For Laurie". Il s'agit de Laurie Bird, l'actrice principale de Two-Lane Blacktop, dont Monte était tombée amoureux. Elle s'est suicidée à 25 ans. La dimension autobiographique est donc bien plus que présente dans Road to Nowhere, qui se veut en plus un hommage posthume à la jeune actrice.

Sur le plan formel, la narration est explosée, mêlant scènes "réelles" et scènes de films dans le film, tout ça sans respect pour la chronologie des évènements, un peu à l'image des films de Lynch sur Hollywood (Mulholland Drive, Inland Empire, eux aussi méta-films par la même occasion). Tout ce qu'il nous reste à constater est l'intérêt croissant du réalisateur pour sa protégée, au détriment de la star du film, qui s'en trouve blessée dans son amour propre, et des tensions que cela crée. Fascinant. 

Si les films témoignant d'une vraie réflexion sur le cinéma vous intéresse, n'hésiter pas à voir ce petit chef d'oeuvre, marquant le retour d'un réalisateur culte dans un genre beaucoup plus personnel que le tonitruant road-movie de Two-Lane Blacktop (ce qui n'enlève en rien sa qualité). Une bonne surprise, qui ne laisse pas de marbre et hante son spectateur longtemps après son visionnage, surtout si l'on prend connaissance de l'histoire de son créateur. 

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