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Critiquer n'est pas critiquer

Mardi 29 mars 2011 à 12:01

Fighter ****


Réalisé par : David O'Russel
Avec: Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adams, Melissa Leo
Genre: Drame, Boxe

Résumé: Dicky Eklund est un ancien boxeur. Autrefois légende locale, il entraîne aujourd'hui son frère Mickey pour lui succéder. Il est suivi par une équipe de télévision, filmant un reportage sur sa vie de toxicomane.

Inspiré de faits réels. Tiens, encore un... Mais si la plupart des films vendus sous cette étiquette sont de vulgaires films fantastiques assez ratés pour la plupart, celui-ci est une reconstitution de la vie de deux boxeurs, l'un fini et camé, l'autre sur la pente ascendante mais souffrant de combats inégaux. J'aimerais aborder deux points : les acteurs en premier lieu, et l'ambiance générale dans un second temps.

Il est fort probable que Christian Bale tienne un de ses meilleurs rôles tragi-comique à ce jour, égalant à mon avis sa prestation dans American Psycho. Personnage quasiment constamment sous acides, carrément déjanté, il donne au film un aspect comique qui tranche radicalement avec l'ambiance plutôt dramatique du métrage en général. Il est mis en duo avec Wahlberg qui est lui dans le sous-jeu, contraste assez génial une fois mis à l'écran. Et tous les autres personnages sont autant de personnes gravitants autour des deux boxeurs, de la mère poule omniprésente entourée d'une dizaine de soeurs insupportables au vieux policier entraineur désabusé par le comportement de Dicky, ils sont tous convaincants de réalisme. Réalisme qui est à mon avis l'aspect le plus intéressant du film.

Avant de parler de cet aspect, j'aimerais signaler que si j'arrive à voir Boxing Gym, le dernier Wiseman, il est fort probable que je fasse un dossier comparatif, les deux films partageants un sujet quasi similaire. L'aspect réaliste de Fighter est tout d'abord mis en abyme par l'équipe de reportage qui suit Dicky. Mais la réalisation même du film, caméra à l'épaule dans les scènes familiales, et façon retransmission télé lors des combats. On touche avec ce film un réalisme loin des autres films de boxe, plaçant celui-ci dans la lignée d'un Raging Bull plus que d'un Rocky. On ressent vraiment la vie des banlieues insalubres américaines, de l'appartement rempli de toxicomanes et du club de boxe de quartier.. Enfin, la dernière scène présente les deux frères, les vrais cette fois-ci, et on remarque vite que le jeu surexité de Christian Bale est encore bien loin de la réalité...

Une bonne surprise que ce film, je n'ai plus qu'à attendre Boxing Gym pour comparer les deux, le premier se voulant fiction réaliste quasi documentaire, le second documentaire pur sur le milieu des petits gymnases de quartier. Affaire à suivre...

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Jeudi 24 mars 2011 à 19:15

Le Discours d'un Roi ***** Coup de Coeur

Réalisé par: Tom Hooper
Avec: Colin Firth, Helena Bonham Carter,
Geoffrey Rush, Derek Jacoby
Genre: Historique, Drame

Résumé: L'histoire vraie de Georges V, appelé à être le roi d'Angleterre lors du début de la seconde guerre mondiale, mais affublé d'un terrible bégaiement qui l'handicape lors des discours.

Le film bénéficie de multiples récompenses aux oscars, amplement méritées, et qui lui ont fait une publicité qui ne pouvait que le servir. Avec un tel scénario, on pouvait s'attendre à une comédie bien anglaise, mais il n'en est rien. Même si il n'est pas dénué d'humour on se prend plus souvent de pitié pour ce roi bègue que d'envie de rire. Et pour en arriver à de tels personnages, il faut bien évidemment une excellente distribution. Et là, et c'est bien la cerise sur le gâteau, les acteurs sont tous exceptionnels, d'un Colin Firth tour à tour dépassé par son bégaiement puis hors de lui, il domine largement le film, à l'inverse de son personnage qui ne semble qu'être porté par les événements, au rythme de ces terribles allocutions radios qui révèlent au large public ses problèmes de locution. Biopic parmis d'autres d'un genre aujourd'hui à la mode, il n'en est pas moins complètement différent du trip égocentrique tournant uniquement autour d'un travestissement d'acteur, comme on a bien pu le voir de nombreuses fois en France ces dernières années. Mis à part Colin Firth, Helena Bonham Carter et
Geoffrey Rush (que je ne connaissais pas) sont assez géniaux, notamment les scènes dans le cabinet de Geoffrey, où un rapport de domination, ou en tout cas de règles essayent de s'instaurer entre les deux fortes têtes...

La réalisation de son coté est très classique, en parfaite adéquation avec le ton du film. A noter de nombreux travellings très proches de Colin Firth, nous mettant nous même face la foule. Un travail extrêmement important a bien évidemment été porté sur le son. La première scène est dans cet ordre mémorable, le bégaiement du futur Georges V, une fois passé dans le micro, se transforme en interminable écho répercuté dans le public. Le jeu d'acteur de Colin Firth prend alors toute son importance, donnant corps et surtout voix au pauvre Roi malgré lui. 

En conclusion, voici la vision que j'ai du biopic, bien construit et filmé autour d'une vraie histoire et pas juste un acteur maquillé pour l'occasion. Un film qui entrera dans les annales, notamment grâce aux prix déjà récoltés. Indéniablement le film du mois, en tout cas pour les spectateurs n'osant pas voir un autre style de cinéma (explication dans deux articles)...


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Mercredi 16 mars 2011 à 21:10

127 Heures ***


Réalisateur : Danny Boyle
Avec: James Franco, Amber Tamblyn, Kate Mara
Genre: Drame-Aventure (le début)

Résumé: L'histoire vraie d'Aron Ralston, parti seul en randonnée dans l'Utah, qui suite à une chute de pierre, finit le bras coincé sans possibilité de bouger.

"C'est du jamais vu !". Suite à toutes les publicités et critiques, j'ai presque fini par le croire. Mais non, ce film d'isolement n'est pas du jamais vu, en témoigne le récent Buried, ou le plus vieux La Mort Suspendue. Mais la différence, c'est que les précédents films m'ont convaincu, 127 heures beaucoup moins. Buried raconte l'histoire d'un homme enfermé dans une boite sous terre, et c'est 1h30 sous terre sans issue, et surtout sans ennui. 127 heures, lui, contourne la difficulté en usant de nombreux flash-backs et autres hallucinations pour divertir le spectateur. Serait-il donc plus à rapprocher de La Mort Suspendue ? Peut-être, mais celui-ci baignait dans le documentaire, avec interviews et commentaires. Donc non, 127 Heures n'est pas du jamais vu.

Du point de vue de la réalisation, il faut avouer que j'ai eu très peur. Les 15 premières minutes nous mettent en effet face à un clip ultra saccadé, qui donne un coté réaliste à ce qu'affronte le héros et son vélo, mais qui au final fait plus mal au crâne qu'autre chose. Passé l'introduction (lors de la rencontre avec les randonneuses à peu près), cela se calme heureusement. La scène la plus mémorable apparait alors, succession de gros plans sur la main caressant la roche, très organique dans un plan parfaitement romantique. Mais une fois le rocher tombé sur la main de notre randonneur viens la question : comment Danny Boyle a-t-il pu rythmer 1h10 de claustrophobie pure ?


Et bien tout d'abord grâce à un scénario inventif, le spectateur découvrant en même temps qu'Aron les carences successives (d'abord eau et nourriture, puis force et enfin perte de la raison). La-dite perte de raison s'accompagne à l'image d'hallucination, et de la séquence la plus jubilatoire du film, où Aron anime seul une émission télévisée devant sa caméra, jouant tous les rôles, à grand renfort d'applaudissements et de rires en bande son. Mais, et c'est là où le bât blesse à mon avis, ces séquences fantasmées ou hallucinées semblent plus tenir de l'échappatoire scénaristique que de péripéties dignes de ce nom. Seule la vision du canapé et de la famille à la fin du film échappe à ce constat.

Arrive enfin le final, gore à souhait et plutôt décrié, où Boyle semble renouer avec 28 Jours Plus TardJe pense pour ma part qu'il est parfaitement justifié, tout le monde connait l'histoire de ce pauvre randonneur, et sa conclusion dramatique, si bien qu'une ellipse de bienséance aurait amoindri le drame de l'accident. Les dernières images, documentaires, resituent le film dans un contexte réel, en nous mettant face au vrai Aron Ralston, et sa vie d'après l'accident.

En conclusion un film en demi teinte, pétri de bonnes intentions mais mal orchestré
si bien qu'on en ressort avec une impression de léger gâchis. En subsiste un témoignage fictionnel d'un accident réel, et quelques plans magnifiques de l'Utah et de ses rochers.

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Mardi 1er mars 2011 à 10:08

 True Grit *****


Réalisateurs : Joel et Ethan Coen
Avec : Jeff Bridges, Matt Damon, Hailee Steinfeld
Genre : Western

Résumé : Mattie Ross, garçon manqué de 14 ans, décide suite à l'assassinat de son père d'engager un marshall pour traquer l'assassin. Le marshall, borgne, a de plus un penchant pour l'alcool plus que prononcé. Ils sont rejoints dans leur traque par Laboeuf, un Texas Ranger le recherchant depuis l'autre bout des Etats-Unis. 

Un western filmé en 2011 par les frères Coen ? Je demande à voir. Et j'ai vu. On se trouve donc face à un "néo-western" hivernal, tantôt comique, tantôt brutal. Tout comme les frères réalisateurs ont remis au gout du jour et revu à leur façon le film noir (Sang pour Sang), ils s'attribuent le mythe du western. Remake d'un film de la fin des années 60, ce road movie à cheval oscille entre différents bords. Il n'est plus exclusivement comique comme pouvait l'être un O'Brother, ou carrément noir comme No Country for Old Men. Les phases plutôt détendues, détentrices de l'humour si particulier des deux frères, laissent parfois la place à des poussées de violence brutales, ce qui donne un rythme et une ambiance toute particulière au film. Cette alternance de ton crée une vraie adéquation avec la définition du western donnée par Raphaëlle Moine: un conflit entre le civilization et le wilderness (sauvage). En témoigne le procès du début, réfléchis et assisté de toute la ville, et le reste du film, littéralement sauvage, de par les paysages traversés et le comportement des personnages.

La photographie du film est absolument sublime, et reflète parfaitement bien l'étendue des endroits traversés. Le choix de la saison hivernale donne de plus un aspect au film dont sont dépourvus de nombreux westerns : un côté glacial, qu'on pouvait peut-être trouver dans Impitoyable, de Clint Eastwood, mais plus à travers la psychologie des personnages. En ce qui concerne les personnages de True Grit, ils sont tous grandioses. La grande découverte du film est bien évidemment Hailee Steinfeld, interprète de Mattie Ross, qui donne vraiment vie au personnage: celui d'une petite fille qui prend pourtant les rênes de sa vie et devient littéralement impitoyable quant au sort qu'elle réserve au tueur de son père et la détermination qu'elle met à mettre en application celui-ci. Mis à part ce personnage haut en couleur, qui détient de même un grand nombre des répliques savoureuses et tranchantes du film, il est à noter l'exceptionnel jeu de Jeff Bridges, dans le rôle du Marshall bougon et ivrogne. C'est bien simple, je pense que c'est le meilleur personnage de cinéma depuis le Hans Landa d'Inglorious Basterds.

En définitive, un très grand film, tour à tour amusant et brutal, doté d'une beauté graphique remarquable, et de personnages comme on en avait plus vu depuis longtemps au cinéma. 


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