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Critiquer n'est pas critiquer

Jeudi 7 juillet 2011 à 9:42

Pater ****

Réalisé par : Alain Cavalier
Avec: Alain Cavalier, Vincent Lindon
Genre: Méta-film politique

Résumé: Tournage d'un film politique, entre documentaire, making-of et film avec Vincent Lindon et Alain Cavalier.

Vous connaissez à présent mes goûts pour le méta-cinéma, les films réflexifs sur le cinéma. Pater fait définitivement partie de ce registre. Alain Cavalier invite donc Vincent Lindon à participer activement (y compris derrière la caméra), au tournage d'un film où ils seraient présidents et ministres. On ne sait donc jamais réellement si ce que l'on voit est film, réalité, improvisation ou pas. Le dispositif est des plus simples, avec une caméra en plan fixe, et des plans de coupe du chat de Cavalier, avec la voix du réalisateur, grave et douce. La première chose qui m'a frappé est la légèreté du film. Pourtant, la politique est tout sauf un sujet léger, d'autant plus actuellement. Et pourtant, le film est drôle, et même si il aborde des problèmes bien réels, il reste du côté du jeu constant. C'est bien ce qui ma plu chez ces deux personnalités du cinéma français, amenées à jouer le jeu, réminiscence du "on fait comme-ci" enfantin. La place laissée à l'improvisation, même si elle est indéterminable réellement, est clairement visible, notamment lors d'une rencontre en forêt "entre ministres", où Cavalier ouvre la scène en disant: "A partir de maintenant, c'est la fiction. Dites ce que vous voulez, ce qui vous passe par la tête". 

On ne sait jamais comment prendre le film, et peu peuvent se dire à la fois film et making-of comme celui-ci. La frontière entre la fiction et le réel (mais l'est-il bien ?) est de plus en plus mince, si bien qu'on ne sait rapidement plus du tout dans quelle partie nous sommes. Il ne reste plus qu'à se laisser porter par le jeu de ces deux acolytes. Mais ce jeu en est-il bien un ? Le statut du réalisateur sur le tournage est-il si éloigné de celui du président ? Et qu'en est-il de cette scène où Vincent Lindon dit qu'il pourrait être premier ministre ? A côté de scènes légères comme l'ouverture du film, ou la découverte de la garde robe de Vincent Lindon, ce genre de questions paraissent bien étranges, mais sont pourtant présentes. 

Pater est donc une réussite, mais il faut garder en tête en allant le voir que ce film est incasable, un vrai OVNI dans le cinéma français, comme pouvait l'être Road To Nowhere, mais en intégrant encore plus la réalité, jusqu'à imbriquer le film et sa création dans un seul nouveau format, jusqu'à présent rarement vu.


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Dimanche 3 juillet 2011 à 21:59

Balada Triste de la Trompeta *

Réalisé par Alex de la Iglesia
Avec: Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang
Genre: Comédie Dramatique / Action / Horreur

Résumé: Duel de clowns pour le coeur d'une acrobate sur fond d'histoire politique espagnole.

Après les éloges que j'ai entendues avant d'aller voir ce film, je m'attendais à un nouveau Tarantino, mais baigné dans l'histoire espagnole cette fois-ci. Il n'en est rien. Le début du film n'est pas si mal, même si vu, revu et rerevu (jusqu'au générique façon film d'action sur fond de photos d'époques et de montage lavage de cerveau). Puis vient l'histoire, celle d'un clown triste engagé dans une troupe de cirque, qui tombe amoureux de l'acrobate, femme battue par son mari, clown lui aussi. Histoire classique, même si pour le coup, elle aime ça. La première partie est donc assez efficace, même si on constate vite le cheval de bataille du film: passer constamment de l'humour noir au pathos. De plus, une réalisation trop stylisée empêche de s'intéresser réellement au film (je pense notamment à l'usage abusif de contre-jours violents). Arrive la deuxième partie, et là, c'est le drame. On passe dans le film d'horreur, ou du moins une sorte de film d'action réutilisant les outils du film d'horreur (le gore, les freaks que sont devenus les clowns). Bref, ces ruptures de ton qui semblent être le but du film font que l'on ne sait pas sur quel pied danser (à l'image du jeu d'acteur de Carolina Bang, oscillant constamment entre la femme tiraillée et la salope finie), alors qu'un film totalement dramatique, ou bien totalement trash aurait pu être beaucoup plus intéressant. Inclure du pathos après des scènes de gore qui se veulent jouissives ne le rend pas plus fort, il n'est que ridicule. Et je ne parlerais pas de cette scène de retour à l'état animal. Enfin, la fin du film vire quant à elle dans les grands poncifs du genre (j'ai pensé au final de Goldeneye), avec l'affrontement final sur un monument (mal modélisé soit dit en passant), qui au lieu d'être le point d'orgue de l'histoire n'est qu'une ultime resucée d'un style d'un autre, et ce avec des effets spéciaux ratés. En définitive, j'ai été très déçu par ce film, qui à force de vouloir manger à tous les rateliers n'en est ni jouissif, ni tragique, mais en demi teinte constante. Je comprends d'autant moins Tarantino qui a soutenu ce film alors qu'il est clairement une pâle contrefaçon des films du duo Rodriguez / Tarantino, mais sans le talent de ces deux réalisateurs.

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Dimanche 12 juin 2011 à 13:45

 Le Chat du Rabbin ****

Réalisé par : Joann Sfar, Antoine Delesvaux
Avec les voix de: François Morel, Maurice Bénichou, Hafsia Herzi, François Damiens, Mathieu Almaric
Genre: Animation 

Résumé: Dans l'Algérie du début du siècle dernier, un chat, suite à l'ingestion d'un perroquet, se voit doué de parole. Mais il se trouve que le chat aimerait accomplir sa bar mitsva. L'arrivée d'un juif en exil de Russie les amènera dans un périple à travers l'Afrique, à la recherche d'une légendaire ville, berceau du judaïsme.

Adapté de la bande dessinée éponyme par son dessinateur, Le Chat du Rabbin nous amène sur le chemin d'une réflexion sur la religion et l'éternelle querelle juifs/musulmans à travers l'Afrique du début 20ème. Il n'y a aucun cliché dans ce dessin-animé, et c'est bien sa force, car le sujet est plus qu'épineux, surtout aujourd'hui. Réussir à interroger de réelles questions, contemporaines qui plus est, tout en distrayant petits et grands, c'est bien ce que le cinéma d'animation ne fait plus assez souvent aujourd'hui. Et c'est bien pourquoi la vision du Chat du Rabbin est un tel plaisir. Sur le plan graphique, le dessin est très simple, mais parfaitement efficace et collant parfaitement  à l'ambiance orientale, magnifiée qui plus est par la bande son. L'apport de la 3D, même si il n'est pas essentiel, ajoute un côté "livre d'images" au film assez intéressant (et 2€ au prix du billet). Il est à noter que je suis moins gêné par la 3D sur de l'animation comme ce film que par du film Live. Enfin, il est à noter une scène hilarante, ou le raciste Tintin au Congo se fait remettre à sa place.

En définitive, un excellent film d'animation, qui pointe du doigt les dérives des religions, tout en restant porteur d'espoir. 

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Dimanche 5 juin 2011 à 14:27

En attendant le prochain article (sur Le Chat du Rabbin) qui viendra la semaine prochaine, je vous invite à regarder mon dernier film, Dans la Nuit.
Les commentaires et avis sont évidemment bienvenus, bon visionnage !

http://www.youtube.com/watch?v=CKnukTHiK6M

(Désolé pour le lien, l'intégration youtube ne fonctionne plus -__-)


Dimanche 29 mai 2011 à 10:41

 The Tree of Life ***** Coup de Coeur
 
Réalisateur: Terrence Malick
Avec: Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter Mc Cracken
Genre: Film initiatique halluciné

Résumé: L'enfance de Jack, tiraillé entre un père autoritaire et une mère dévote. 

Terrence Malick fait partie de ces grands réalisateurs à n'avoir réalisé que peu de films dans leur carrière, mais tous excellents, groupe select dont font partie Tarkovski et Kubrick ( et Charles Laughton dans une autre mesure). L'attente qui précédait The Tree of Life était donc immense, et le résultat est sans commune mesure. A peine sorti de salle, une idée fixe était là: ce film gagnera la palme d'or de Cannes. Le succès public n'est pourtant pas garanti, tant le film est hermétique et impalpable. Film sur le tout et le rien à la fois, sur l'origine de l'univers comme celui d'un enfant, il est une expérience sensorielle plus qu'un film narratif. Il a de même divisé le public et la critique, de par son mysticisme catholique très poussé et sa séquence sur la création de l'univers. En effet, la dichotomie est faite dès le début: les hommes choisissent deux voies distinctes: celle de la nature ou celle de la grâce. Et cette distinction hantera le long du film, à travers le père de Jack (Brad Pitt), autoritaire et violent, et sa mère (Jessica Chastain), constamment tournée vers la religion. Le film suivra alors l'initiation à la vie de cet enfant, et la voix qu'il choisira selon ses choix, et les conséquences. Tour à tour merveilleux, agréable ou très sombre, The Tree of Life représente parfaitement cette période de la vie, qui détermine grandement l'adulte à venir.

Côté réalisation, on est assez loin du Malick des Moissons du Ciel, même si les obsessions du réalisateur sont toujours présentes par le rapport romantique à la nature et à l'animal. La caméra est en effet constamment à l'épaule, et bénéficie d'une liberté que je n'avais pas vue au cinéma depuis Enter the Void dans un tout autre genre. La caméra plane, tournoie, suit les protagonistes pour donner un côté onirique au film, aspect renforcé par un montage basé sur les ellipses temporelles fréquentes, le jump-cut, et bien sur la fin du film totalement hallucinée. L'impression de regarder un rêve, ou plus justement des souvenirs, est extrêmement présente, je crois qu'aucun film ne s'est aussi bien approché des souvenirs d'enfance, parfois flous, parfois d'une précision incroyable, et tout ce que ceux-ci amènent de joie, mais aussi d'obscurité. 

En définitive, une palme totalement méritée pour un des plus beaux films de l'année. 2011 est riche en surprises, et nous avons déjà eu une moitié d'année extraordinaire au cinéma. Reste à voir si le reste de l'année continuera sur cette lancée...

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/NewTreeOfLifePoster.jpg


 

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