critiquerestpascritiquer

Critiquer n'est pas critiquer

Vendredi 27 août 2010 à 15:01

  L'illusionniste *****
 

Réalisateur: Sylvain Chomet
Genre: Animation, Comédie Dramatique

Résumé: Jacques Tati est un magicien, qui, malgré un grand succès dans le passé, est aujourd'hui en perte de vitesse conséquente. Il entame alors une tournée en Angleterre, où il rencontre une jeune fille qui l'accompagnera le long de son voyage. 

L'histoire de L'illusionniste tient d'un scénario inédit de Jacques Tati, où celui-ci aurait dû jouer le rôle du magicien, mais qui n'a jamais pu être fait de son vivant. Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) s'en est alors emparé et a réalisé sa propre version, en animation traditionnelle. On reconnait vite le style nostalgique de Chomet, mêlant des décors très travaillés et suintants le "bon vieux temps", et des personnages secondaires caricaturés, même si j'ai trouvé le film plus mélancolique que la précédente création de son auteur. Il est d'ailleurs impressionnant de constater que des réalisateurs persistent à donner à l'animation traditionnelle des chefs d'oeuvres alors que le genre est aujourd'hui dominé par la 3D. "L'exploit" est d'autant plus mémorable que tout comme Les Triplettes de Belleville, le film est quasiment dénué de dialogues. Tout passe donc par les expressions des personnages, leur façon de bouger (notamment celle de Tati bien évidemment). 

En bref je dirais que c'est un excellent film d'animation, à voir notamment pour les techniques traditionnelles employées, et pour une histoire très intéressante, entre le Road-Movie et le film Initiatique.

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/19452951jpgr760xfjpgqx20100521045017.jpg

Vendredi 13 août 2010 à 21:25

   Enter The Void ****
 
 

Réalisateur: Gaspar Noé
Avec: Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy...
Genre: Drame / Fantastique / Trip

Résumé: Un jeune dealer vit à Tokio de ses ventes et de sa soeur strip-teaseuse. Mais un deal tourne mal et il se retrouve tué par la police. Commence alors un voyage sensitif ou il traversera la ville de nuit, ses souvenir, des cauchemars ...

Enter The Void est probablement le film le plus contesté de cette année, comme l'a été Antichrist à sa sortie. Il en est presque devenu naturel de voir les films de Gaspar Noé, enfant terrible du cinéma francais. Très fortement décrié pour Irréversible (scène de viol, meurtre brutal à l'extincteur), il semble s'être un petit peu calmé avec Enter The Void, du moins pour la violence. Ne croyez quand même pas que ce film est pour tout types de publics, car il n'en est rien. Il est violent, âpre, choquant et ponctué de scènes de sexes littéralement pornographique. Le public a été dérangé par deux éléments dans ce film. Tout d'abord, sa durée (2h40), couplée à un rythme assez particulier fait de flash-backs, souvenirs, rêves où il est dur de se repérer. Mais ce qui a réellement réussi à faire sortir de nombreux gens de la salle de cinéma, c'est surtout la réalisation très particulière du film.

En effet, le film est intégralement réalisé en vue subjective. Ce qui veut dire que quand le héros cligne des yeux, c'est un noir à l'écran. Quand il se shoote, on à droit à 10 minutes de serpentins colorés à l'écran. Par la suite, son esprit vole littéralement dans Tokio, voyageant entre souvenirs d'enfance et visions de ce qui se passe suite à sa mort. Cette mise en scène est assez éprouvante, si bien que de nombreuses personnes quittent la salle avant la fin du film. Car oui, il met mal à l'aise. Rien n'est épargné au spectateur: la caméra constamment attiré par les sources lumineuses, si bien qu'on se retrouve parfois avec une petite dizaine de minutes de blanc total de néon en gros plan, un accident de voiture répété encore et encore, une longue envolée d'en un hôtel de passes, une caméra intra-vaginale (si si !)... Tout est là pour mettre le spectateur mal à l'aise, même si à un moindre degré qu'Irréversible. 

Mais cet extrémisme n'est pas un défaut pour moi, surtout dans une période où le cinéma semble chercher à tout pris le grand public en évitant de choquer (c'est contestable, mais à mon avis, même les soit-disant films d'horreur insoutenables comme Paranormal Activity ou encore Saw ne provoquent pas le dixième de terreur que peut provoquer Les Chiens de Paille de Peckinpah, ou même Le Ruban Blanc d'Haneke, dans un autre registre.). Le réel défaut du film est ailleurs, à savoir dans l'histoire. Car en effet, le film entier peut se résumer en quelques mots: un drogué tue le personnage principal, qui va suivre sa soeur après sa mort et voir l'impact de sa mort sur son quotidien. Comme me le faisais très justement remarquer un ami, Enter The Void est un peu du Pasolini sans la réflexion et la question philosophique. 

Pour conclure, même si ce défaut parait assez important, tout comme le rythme très particulier du film, je pense qu'il serait difficile de le condamner pour cela au vu de la révolution visuelle qu'il apporte, à milles lieux d'un Avatar ou d'un Transformer. A réserver à un public averti, dans tout les sens du terme.


 
http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/enterthevoidyi5.gif

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast