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Critiquer n'est pas critiquer

Jeudi 7 avril 2011 à 15:17

Dharma Guns ***** Coup de coeur

Réalisé par: Jacques-François Ossang
Avec: Guy McKnight, Elvire, Lionel Tua, Diogo Doria
Genre: Expérimental

Résumé: Un bateau piloté par une femme aux lunettes de soleil, un homme sur un ski nautique derrière, la musique jubilatoire de LARD, un long plan séquence, un coup de feu et l'homme tombe à l'eau...

Le reste du film est a peu près impossible à résumer, rubik's cube de coma, de doubles génétiques, de zombies ... Et non vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'un deuxième coup de coeur, le même mois que Le Discours d'un Roi. Mais celui-ci s'adresse surtout aux spectateurs les plus ouverts, et surtout les plus préparés à visionner ce genre de cinéma, très abscons. La narration du film est en effet très particulière, s'approchant du cadavre exquis dans sa construction, alignant des scènes souvent non-connectées entre elles, rythmées par des aphorismes sur fond noir. Non, ce film n'est clairement pas fait pour le même public qu'un Sucker Punch ou un Hell Driver. Et excusez moi le terme, putain que ça fait du bien de voir de l'expérimental au cinéma en format long-métrage. 
Il est à mon avis possible de rapprocher le film du théâtre de Valère Novarina, théâtre du non-sens où le mot est utilisé pour faire tourner l'imaginaire du spectateur. Et c'est cet effet qu'on retrouve dans Dharma Guns: des situations étranges, des dialogues souvent incompréhensibles,  mais capables de déclencher des souvenirs, de réellement perdre le spectateur dans sa propre psyché en plus de celle du film.

Mais le film ne tient pas seulement en son concept mais aussi en sa photographie. Elle est réellement sublime, souvent proche de La Jetée de Chris Marker, film avec lequel le film partage l'ambiance générale et quelques idées. Les images en noir et blanc, le choix des cadrages, comme par exemple celui de l'escalier, qui une fois mis en mouvement se transforme en spirale hypnotique que n'aurait pas renié Saul Bass, l'esthétique du film est très impressionnante et rare au cinéma. Enfin, les acteurs semblent avoir été choisis tant pour leur physique que pour leur voix, à l'image de l'accent russe du héros, hypnotique lui aussi. En définitive, un excellent film expérimental, mais à réserver au spectateur averti ou curieux de voir un cinéma alternatif, beaucoup moins accessible mais ô combien plus intéressant.

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Vendredi 27 août 2010 à 15:01

  L'illusionniste *****
 

Réalisateur: Sylvain Chomet
Genre: Animation, Comédie Dramatique

Résumé: Jacques Tati est un magicien, qui, malgré un grand succès dans le passé, est aujourd'hui en perte de vitesse conséquente. Il entame alors une tournée en Angleterre, où il rencontre une jeune fille qui l'accompagnera le long de son voyage. 

L'histoire de L'illusionniste tient d'un scénario inédit de Jacques Tati, où celui-ci aurait dû jouer le rôle du magicien, mais qui n'a jamais pu être fait de son vivant. Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) s'en est alors emparé et a réalisé sa propre version, en animation traditionnelle. On reconnait vite le style nostalgique de Chomet, mêlant des décors très travaillés et suintants le "bon vieux temps", et des personnages secondaires caricaturés, même si j'ai trouvé le film plus mélancolique que la précédente création de son auteur. Il est d'ailleurs impressionnant de constater que des réalisateurs persistent à donner à l'animation traditionnelle des chefs d'oeuvres alors que le genre est aujourd'hui dominé par la 3D. "L'exploit" est d'autant plus mémorable que tout comme Les Triplettes de Belleville, le film est quasiment dénué de dialogues. Tout passe donc par les expressions des personnages, leur façon de bouger (notamment celle de Tati bien évidemment). 

En bref je dirais que c'est un excellent film d'animation, à voir notamment pour les techniques traditionnelles employées, et pour une histoire très intéressante, entre le Road-Movie et le film Initiatique.

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Mardi 9 mars 2010 à 10:06

 

Océans ****



Réalisateurs: Jacques Perrin / Jacques Cluzaud

Acteurs: Mis à part Jacques Perrin lui même, les animaux marins, bien meilleurs acteurs que pas mal de monde à mon avis...

Genre: Documentaire / Opéra marin


Je me souviendrais longtemps de la projection d'Océans. Après une nuit quasi blanche, je vais à la séance du matin au Star St-Exupéry, avec la réelle envie de me détendre suite à une nuit passée à attendre un sommeil inaccessible. Je m'attendais à un documentaire Arte d'une heure quarante (ce n'est pas une critique, j'adore ces documentaires animaliers), et je découvre quelque chose qui s'apparente plus à un gigantesque opéra marin. Défilent à nos yeux dauphins, tortues, requins et crustacés dansant littéralement sur cette gigantesque piste qu'est l'océan.


Le premier point notable est la sonorisation du film. En effet, le son a ici une importance considérable, on entend le « chant » des baleines, tout comme un crustacé entrain d'être dévoré. Cela confère au film une atmosphère beaucoup plus réaliste que s'il n'était pourvu que d'une musique. Musique qui n'en demeure pas moins présente, bien qu'un peu grandiloquente (même si ce n'est pas un point réellement négatif).

Cette idée d'atmosphère réaliste m'amène au second point marquant: la caméra elle même. Une seule question se pose tout du long du film: comment les caméramans ont-ils pu filmer ces animaux d'aussi prêt, ou au moins aussi précisément sans qu'ils ne semblent le moins perturbés ? On a ainsi l'impression de nager à leurs côtés, impression renforcée par l'incroyable mobilité de la caméra, qui suit les poissons, traverse des bancs de méduses et longe les coraux de façon très fluide.

Mais tout n'est-il que beauté et volupté? Non, comme vient le prouver une scène aux ¾ du film. Pollution, filets de pêches meurtriers, requin mutilé et balancé vivant dans l'eau une fois démembré, cet aspect de l'océan n'est pas oublié. Particulièrement choqué par ce passage (âme sensible dès qu'il s'agit de bien-être animal), je soupirais de soulagement quand j'appris à la fin du film qu'aucun animal ne fût maltraité, des animatroniques étant utilisés à leur place. Le problème de la question écologique est bien évidemment posé, question à la mode actuellement. Ma question est la suivante : est-ce bien nécessaire de dédier un quart d'heure de barbarie, au beau milieu d'un film contemplatif, alors que la quasi totalité des médias nous rebattent les oreilles d'écologie à longueur de temps ? Le spectateur ne peut-il donc pas, à la simple vue de ces magnifiques créatures, se dire qu'il faut agir ? Étant un fervent défenseur de la maïeutique (et de la fin ouverte ce qui va dans ce sens en quelque sorte), je considère que montrer du doigt, quasiment rendre responsable le spectateur de par son inaction est un peu extrême.

Ce film est donc magnifique et spectaculaire (dans le sens naturel du terme, ne vous attendez pas à du Transformers), et je ne saurais que m'opposer à la critique sur Evene, pour qui le terme d'opéra sauvage est quasiment péjoratif. Mis à part la question de la fameuse scène pro écologique agressive sponsorisée par EDF et Total, je ne trouve rien à reprocher à ce film, qui est par la même occasion un coup de force technique. Les gens le trouvent lent ? Honnêtement on sait à quoi s'attendre avant d'entrer dans la salle, ne le critiquons pas pour ça !

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