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Critiquer n'est pas critiquer

Mardi 15 février 2011 à 22:09

Les Chemins de la Liberté ****

Réalisateur : Peter Weir
Acteurs: Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farell
Genre : Aventure, Road Movie

Résumé: Janusz, un polonais, se retrouve incarcéré dans un goulag en Sibérie malgré son innocence. Il y fait la rencontre de plusieurs personnes, plus ou moins recommandables, et s'échappe avec elles. S'ensuit une fuite interminable vers l'Inde, à travers Toundra, désert et montagne...

J'ai beaucoup apprécié le précédent film de Peter Weir, "Master and Commander", pas forcément pour ses effets spéciaux (qui n'en sont pas moins impressionnants), mais surtout pour ce renouement avec l'aventure à l'ancienne, et ses scènes profondément humanistes aux Galapagos. Les chemins de la Liberté continue dans cette voie, avec un coté Road Movie survivaliste très intéressant. Les fugitifs traversent en effet la quasi totalité du continent asiatique, et passent du froid extrême de la toundra sibérienne à la chaleur insupportable du désert de Gobi. Le film fait la part belle aux panoramas, si bien que j'avais parfois l'impression de voir du Malick. Ce film s'inscrit clairement dans un courant romantique, avec une fascination pour la nature et sa puissance, mais en même temps une crainte respectueuse de celle-ci, implacable. On en sort éreinté, comme les héros.

En parlant de ceux-ci, le film se veut très humaniste, les personnages principaux étant tous sympathiques, même Colin Farell, incarnant pourtant une petite frappe russe assez répugnante physiquement, mais ayant un bon fond refaisant surface lors de l'évasion. C'est peut être le seul reproche que je peux formuler à l'encontre de ce film : des personnages trop bons, sans part d'ombre réelle. Mais réussir à faire un film qui tient la route avec de tels personnages sans mièvrerie et avec une telle photographie, cela inspire le respect...

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Mardi 23 novembre 2010 à 23:07

Après quelques mois d'absence dont je m'excuse, voici revenir les critiques que je souhaite régulières même si l'actualité cinématographique ne me semble pas très prolifique en ce moment...

Nostalgie de la Lumière ****
(Nostalgia de la Luz)


Réalisateur: Patricio Guzman
Genre: Documentaire, Film poétique

Nostalgie de la Lumière commence par une suite de gros plans sur les rouages d'un ancien téléscope chilien. A travers ces quelques plans, le film est déjà tracé: on se trouve face à une oeuvre d'un amoureux de l'astronomie. De nombreux plans et clichés de la Lune, de constellations et autres nébuleuses parsèment le film, comme un leitmotiv poétique. Mais très vite, on se rend compte que malgré cette passion pour l'étude du ciel, le sujet du film est tout autre.

Patricio Guzman s'intéresse en effet dans son film, aux atrocités commises au Chili durant le XXème siècle. Car si les astronomes étudient et cherchent le passé à travers l'espace, les chiliens eux le cherchent dans le désert d'Atacama. Le lien poétique avec l'Histoire et le passé est ici très fort, et je l'ai trouvé très proche d'un Chris Marker. Je n'ai donc pas été surpris quand j'ai appris que celui-ci a collaboré avec Guzman sur un de ses premiers films. L'enquête est donc faite, et l'on suit les interviews de différentes personnes ayant eu rapport à ces événements, du rescapé d'un camp de concentration qui participait à un groupe d'astronomie pour "s'évader" métaphoriquement du lieu de détention à la veuve qui ne cesse de chercher les restes de son mari à travers le désert.

On ressort donc bousculé de cette scéance, à la fois bercé par la beauté visuelle et par la poésie qui se dégage de Nostalgie de la Lumière, mais en même temps attristé par les horreurs décrites et montrées. Je ne peut qu'admirer le travail accompli par Patricio Guzman, réussissant à combiner dans son film le fond et la forme d'une façon remarquable, dans un film qui j'espère sera suivi par le public et marquera l'histoire du cinéma documentaire.

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Jeudi 2 septembre 2010 à 10:30

Splice ***

Réalisateur: Vincenzo Natali
Avec: Adrien Brody, Sarah Polley, Delphine Chaneac
Genre: Science-Fiction, Fantastique

Résumé: Clive et Elsa sont un couple travaillant dans un laboratoire, où ils réussissent à créer de nouvelles formes de vie en combinant l'ADN de plusieurs espèces animales. Mais un jour, le pas est franchi: ils combinent cet ADN hybride à de l'ADN humain.

Vincenzo Natali est le réalisateur de Cube, film culte pour la communauté Science-Fiction. Il avait réussi à l'époque à faire naître la tension et la peur d'un décor unique. Chef d'oeuvre du genre, notamment grâce à son minimalisme, à l'opposé des grandes pompes attribuées d'ordinaire au genre. Après un Cypher qui ne marcha pas commercialement et un Nothing qui passa presque inaperçu, il est inutile de dire que Splice, le grand retour de Natali était attendu. A juste titre ?

La première chose qui marque est la qualité des effets spéciaux, d'un réalisme assez bluffant, surtout le travail qui a été fait sur l'actrice Delphine Chaneac, qui fût intégralement modifiée par informatique. Mais le film ne se repose pas uniquement sur ces effets, et je trouve même qu'il n'est que très rarement spectaculaire. Là où Cube s'interrogeait sur les micro-sociétés et la paranoïa, Splice s'interroge sur la parenté, l'acte de création et d'autres questions bien plus obscures. En effet, sur le plan comportemental, le film se déroule en deux parties: Elsa protégeant la créature qu'elle à crée, puis se désintéressant d'elle au fur et à mesure de son humanisation, et Clive tombant progressivement amoureux d'elle. Les questions de l'inceste, de l'infanticide sont alors sous-jacente dans ce film où l'ambiance est presque constamment oppressante.  Et c'est bien là le problème, selon moi, du film: le triangle amoureux dégénéré est à peu près son seul intérêt. Le film nous tient en haleine grâce à cette relation étrange. Or, la fin du film provoque un retournement de situation, et le récit part dans l'horreur pure, et en perd toute cette ambiance clinique et sinistre qu'il avait jusqu'à présent. 

Je ne dirais pas que c'est un mauvais film, c'est même de loin un des meilleurs films de science-fiction sortit actuellement. Malheureusement, je trouve que ce bouleversement final le fragilise réellement, au point d'avoir une impression de déception à la sortie, d'autant plus que la dernière minute laisse à présager une hypothétique suite.
A voir quand même pour la psychologie très développée des personnages, et l'ambiance avant le retournement.


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Jeudi 10 juin 2010 à 21:52

La Comtesse *****


Réalisatrice: Julie Delpy

Avec: Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl, William Hurt.

Genre: Drame, Historique, Horreur

Résumé: Suite à la mort de son mari, la comtesse Erzsebet Bathory se retrouve à diriger un grand royaume. Elle tombe alors amoureuse d'un jeune noble. Or, le doute quand à ses sentiments subsistent et elle commence à s'inquiéter de sa vieillesse grandissante. Elle remarque alors que le sang de vierges à un effet rajeunissant sur sa peau.

La sinistre histoire (et authentique) de la comtesse Bathory à fait couler beaucoup d'encre, et cela va de même au cinéma, avec par exemple le récent « Bathory », superproduction hongroise. J'ai été très déçu par ladite production, que j'ai trouvé beaucoup trop impersonnelle et Hollywoodienne . Le scénario prenait alors à contrepied l'histoire traditionnellement connue, en présentant la comtesse comme victime d'un complot ourdi par Thurzo, qui visait à récupérer ses possessions. Le film, même s'il ne suit pas directement cette théorie (approuvée par de nombreux historiens), laisse planer le doute quand à la véracité des images.

Le film joue en effet beaucoup sur la folie de la comtesse, interprétée en toute finesse par Julie Delpy. Des plans troublants montrant son visage décomposé dans le miroir, ses crises de nerfs imprévisibles, elle est possédée par son personnage, et cela se voit à l'écran. Les autres acteurs sont tout aussi excellents, avec une mention particulière à accorder à Daniel Brühl, que j'ai pour ma part découvert avec Inglorious Basterds, de Tarantino. Il joue avec une infinie justesse le désarroi de son personnage, tiraillé entre son amour pour la comtesse, le refus de cette liaison de son père, et les choses qu'il apprend au sujet des exactions d'Erzsebet.

L'autre point important de ce film est sa réalisation. Tout d'abord, les costumes et décors sont criants de réalisme, ce qui permet de réellement se laisser prendre dans l'histoire. Réalisme renforcé par une réalisation faisant la part belle à un érotisme très charnel, par une succession de gros plans absolument magnifiques.

En conclusion, je dirais que La Comtesse est une très agréable surprise, notamment après l'échec (à mon avis), du film Hongrois sur ce même sujet. Car là où son prédécesseur jouait la ré-interprétation historique grandiloquente et parfois complètement farfelue (un comble !); le film de Julie Delpy oscille entre érotisme, histoire, non-dis et horreur.


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Samedi 10 avril 2010 à 16:20

Invictus ****


Réalisateur: Clint Eastwood

Acteurs: Morgan Freeman, Matt Damon...

Genre: Historique, Biopic, Sport


Histoire: En 1994, Nelson Mandela est élu président de l'Afrique du Sud. Pour en finir enfin avec le racisme et l'Apartheid, il décide d'unifier le pays autour du rugby, et plus précisément autour de l'équipe nationale, détestée de tous.

Clint Eastwood est un personnage très impressionnant. Un premier contact avec le cinéma en tant qu'acteur dans les westerns de Sergio Leone, il devient un réalisateur ayant écris les films humanistes les plus émouvants de ces dernières années (Space Cowboys, Million Dollar Baby et Gran Torino). J'attendais donc son dernier film Invictus avec impatience, étant notamment impressionné par le traitement fait du thème du racisme dans Gran Torino. Ce thème est ici développé, histoire de l'Apartheid oblige. On sent Morgan Freeman dans son personnage, ce sujet semblant le tenir à cœur. Son jeu est tout en finesse, et correspond parfaitement au tempérament calme et posé du personnage qu'il incarne. Matt Damon, lui, commence avec des doutes quand à ce nouveau président, doutes renforcés par une famille ouvertement raciste. Or, ces doutes se dissipent bien vite, et il se prend vite au jeu, jusqu'à partager complètement ses visées sportives.

Comment faire un film dont tout le monde connait déjà la fin ? Eastwood à réussi ce pari d'une magnifique manière, en réussissant à créer du suspens d'une situation historique. Mais l'important n'est évidemment pas cette fin, mais bien l'émotion véhiculée par ce film, et sa portée idéologique. Je trouve en effet rare qu'un film américain soit aussi peu manichéen. En effet, il n'existe pas de réel méchant dans Invictus, les racistes changeants vite d'opinion au cours du film. Eastwood signe donc ici son success-story, à l'opposé de la fin tragique de Million Dollar Baby. On sent le réalisateur posé et d'humeur à faire un film sur le bonheur, rien que le bonheur, chose de plus en plus rare en ce moment ...

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