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Critiquer n'est pas critiquer

Dimanche 27 février 2011 à 10:21

 Black Swan ****


Réalisateur : Darren Aronofsky
Avec : Natalie Portman, Mila Kunis, Winona Ryder, Vincent Cassel
Genre : Thriller, Fantastique 

Résumé : Nina est une danseuse de ballet. Soutenue mais en même temps poussée par une mère poule envahissante, elle rêve d'avoir le premier rôle du Lac des Cygnes : celui de la princesse maudite, et du cygne noir, son double maléfique. Or, cette opportunité se présente à elle, mais sa vie commence alors à dériver, comme si elle ne faisait plus qu'un avec le personnage qu'elle incarne...

Pour commencer, un petit mot sur Aronofsky. J'ai vu ses trois premiers films (Pi, Requiem For a Dream, The Fountain), qui m'ont beaucoup impressionné pour l'univers que leur auteur arrivait à créer. Black Swan possède lui aussi une patte artistique qui lui est propre, notamment une image très granuleuse et une caméra presque exclusivement à l'épaule, au plus près du mouvement. La caméra passe donc son temps à tourner au coeur de la chorégraphie, suivre les mouvements et les accompagner. Le mouvement, il est tout d'abord dansé, bien évidemment, mais est très présent de même dans le reste du récit, du fait de la folie naissante de Nina. Car le film va vers une accélération constante, son rythme devenant littéralement frénétique sur la fin. Si bien que l'impression d'être dans une sorte de train fantôme de la schizophrénie se fait sentir. Et c'est là à mon avis le point faible du film.

La première impression qui m'est venue à la fin du film a été d'avoir assisté à un film expérimental Hollywoodien. Derrière ce paradoxe se cache une réalité du film: de nombreux effets parsèment le film de façon à faire sursauter le spectateur. Je pense qu'ils sont bien trop artificiels, et qu'ils ne servent pas le récit. Celui-ci aurait gagné à plus jouer sur une peur sourde, tapie plutôt que sur deux trois sursauts inutiles. J'ai vraiment l'impression qu'ils servent uniquement à donner l'impression aux spectateurs qui ne comprennent pas le film qu'au moins ils ont eu un peu peur et pourront rigoler d'avoir sursauté...

Mais ce défaut surmonté, l'ambiance du film est assez traumatisante et implacable pour rendre celui-ci intéressant à visionner, d'autant plus que les acteurs jouent au diapason. Pas réellement film sur la danse, problèmes d'adolescence, dédoublement de personnalité, le film aborde de nombreuses questions, et plonge le spectateur dans un maëlstrom sonore et visuel très impressionnant, une fois passé le défaut inhérent des effets de peur artificiels.

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Mardi 15 février 2011 à 22:09

Les Chemins de la Liberté ****

Réalisateur : Peter Weir
Acteurs: Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farell
Genre : Aventure, Road Movie

Résumé: Janusz, un polonais, se retrouve incarcéré dans un goulag en Sibérie malgré son innocence. Il y fait la rencontre de plusieurs personnes, plus ou moins recommandables, et s'échappe avec elles. S'ensuit une fuite interminable vers l'Inde, à travers Toundra, désert et montagne...

J'ai beaucoup apprécié le précédent film de Peter Weir, "Master and Commander", pas forcément pour ses effets spéciaux (qui n'en sont pas moins impressionnants), mais surtout pour ce renouement avec l'aventure à l'ancienne, et ses scènes profondément humanistes aux Galapagos. Les chemins de la Liberté continue dans cette voie, avec un coté Road Movie survivaliste très intéressant. Les fugitifs traversent en effet la quasi totalité du continent asiatique, et passent du froid extrême de la toundra sibérienne à la chaleur insupportable du désert de Gobi. Le film fait la part belle aux panoramas, si bien que j'avais parfois l'impression de voir du Malick. Ce film s'inscrit clairement dans un courant romantique, avec une fascination pour la nature et sa puissance, mais en même temps une crainte respectueuse de celle-ci, implacable. On en sort éreinté, comme les héros.

En parlant de ceux-ci, le film se veut très humaniste, les personnages principaux étant tous sympathiques, même Colin Farell, incarnant pourtant une petite frappe russe assez répugnante physiquement, mais ayant un bon fond refaisant surface lors de l'évasion. C'est peut être le seul reproche que je peux formuler à l'encontre de ce film : des personnages trop bons, sans part d'ombre réelle. Mais réussir à faire un film qui tient la route avec de tels personnages sans mièvrerie et avec une telle photographie, cela inspire le respect...

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Mardi 23 novembre 2010 à 23:07

Après quelques mois d'absence dont je m'excuse, voici revenir les critiques que je souhaite régulières même si l'actualité cinématographique ne me semble pas très prolifique en ce moment...

Nostalgie de la Lumière ****
(Nostalgia de la Luz)


Réalisateur: Patricio Guzman
Genre: Documentaire, Film poétique

Nostalgie de la Lumière commence par une suite de gros plans sur les rouages d'un ancien téléscope chilien. A travers ces quelques plans, le film est déjà tracé: on se trouve face à une oeuvre d'un amoureux de l'astronomie. De nombreux plans et clichés de la Lune, de constellations et autres nébuleuses parsèment le film, comme un leitmotiv poétique. Mais très vite, on se rend compte que malgré cette passion pour l'étude du ciel, le sujet du film est tout autre.

Patricio Guzman s'intéresse en effet dans son film, aux atrocités commises au Chili durant le XXème siècle. Car si les astronomes étudient et cherchent le passé à travers l'espace, les chiliens eux le cherchent dans le désert d'Atacama. Le lien poétique avec l'Histoire et le passé est ici très fort, et je l'ai trouvé très proche d'un Chris Marker. Je n'ai donc pas été surpris quand j'ai appris que celui-ci a collaboré avec Guzman sur un de ses premiers films. L'enquête est donc faite, et l'on suit les interviews de différentes personnes ayant eu rapport à ces événements, du rescapé d'un camp de concentration qui participait à un groupe d'astronomie pour "s'évader" métaphoriquement du lieu de détention à la veuve qui ne cesse de chercher les restes de son mari à travers le désert.

On ressort donc bousculé de cette scéance, à la fois bercé par la beauté visuelle et par la poésie qui se dégage de Nostalgie de la Lumière, mais en même temps attristé par les horreurs décrites et montrées. Je ne peut qu'admirer le travail accompli par Patricio Guzman, réussissant à combiner dans son film le fond et la forme d'une façon remarquable, dans un film qui j'espère sera suivi par le public et marquera l'histoire du cinéma documentaire.

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Samedi 25 septembre 2010 à 19:27

Inception *****
Coup de coeur

Réalisateur: Christopher Nolan
Avec: Leonardo Di Caprio, Marion Cotillard, Elen Page, Cillian Murphy, Ken Watanabe...
Genre: Science-Fiction

Résumé: Dom Cobb est un voleur qui est très convoité dans le milieu de l'espionnage industriel. Il rentre en effet littéralement dans les rêves de ses victimes pour récupérer une information confidentielle à sa source. Mais ce métier est à risque, et Dom est recherché à travers le monde. Or, quelqu'un lui propos un contrat particulier: il pourra retourner vers sa famille si il arrive à insérer une idée au lieu de la dérober...


J'attendais beaucoup du dernier film de Christopher Nolan. En effet, après un premier film à l'histoire incroyablement déconstruite (Memento), le reboot de la franchise Batman noircie et plus adulte, et Le Prestige, on ne pouvait qu'attendre un nouveau chef d'oeuvre du réalisateur virtuose. Qui plus est un film ayant pour thématique le rêve, donc une possibilité de révolutionner les codes de physique et d'intrigue.

Parlons en de l'histoire: j'y ai longuement repensé, même bien après la projection. C'est bel et bien le genre de scénario à hanter et changer une personne. Certains l'on jugée trop complexe, trop torturée, trop déstructurée. The Expendables les attends. L'histoire est à mon avis parfaite comme elle est, même si le début s'avère assez aride pour le spectateur. Mais tout les codes de cet univers si particulier, et en même temps très proches des précédentes réalisation de Nolan sont révélés, et on se prend vite au jeu de ces rêves enchassés et du spectre de la femme de Cobb. Celle-ci (Marion Cotillard) joue un rôle prépondérant dans l'histoire, amenant une dimension d'abord mélancolique puis littéralement tragique à l'histoire, en plus de cette histoire d'Inception, l'introduction d'une idée nouvelle dans l'esprit de quelqu'un, sans qu'il ne s'imagine que celle-ci provienne de quelqu'un d'autre.

Comme dis précédemment, le rêve est un fantastique terrain de jeu pour un réalisateur imaginatif, et Nolan en fais bien évidemment parti. Le film nous réserve une des plus impressionantes scènes de cinéma actuel à travers la métamorphose de Paris, lors d'essais de manipulation de l'environnement.
La vision totale du film, ces scènes parisiennes, les séquences de gravité divergentes ont provoqué chez moi le même effet jouissif que la première vision de Matrix, mais en beaucoup plus réfléchi à mon avis. 

Pour résumer, je considère Inception comme une petite révolution dans le cinéma Hollywoodien, surtout comparé aux films au budget similaire sortis en même temps, et confirme ce que l'on présageait. Voir du Nolan, c'est plonger dans un univers fascinant. Je le recommande donc à tout le monde, l'essentiel étant d'adhérer au concept du film pour en apprécier sa teneur. Pour finir, petit apparté sur Di Caprio, qui semble chercher la difficulté dans des rôles de plus en plus intéressants (Les Infiltrés - Shutter Island et maintenant Inception). A voir et revoir et rêver !

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Jeudi 10 juin 2010 à 21:52

La Comtesse *****


Réalisatrice: Julie Delpy

Avec: Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl, William Hurt.

Genre: Drame, Historique, Horreur

Résumé: Suite à la mort de son mari, la comtesse Erzsebet Bathory se retrouve à diriger un grand royaume. Elle tombe alors amoureuse d'un jeune noble. Or, le doute quand à ses sentiments subsistent et elle commence à s'inquiéter de sa vieillesse grandissante. Elle remarque alors que le sang de vierges à un effet rajeunissant sur sa peau.

La sinistre histoire (et authentique) de la comtesse Bathory à fait couler beaucoup d'encre, et cela va de même au cinéma, avec par exemple le récent « Bathory », superproduction hongroise. J'ai été très déçu par ladite production, que j'ai trouvé beaucoup trop impersonnelle et Hollywoodienne . Le scénario prenait alors à contrepied l'histoire traditionnellement connue, en présentant la comtesse comme victime d'un complot ourdi par Thurzo, qui visait à récupérer ses possessions. Le film, même s'il ne suit pas directement cette théorie (approuvée par de nombreux historiens), laisse planer le doute quand à la véracité des images.

Le film joue en effet beaucoup sur la folie de la comtesse, interprétée en toute finesse par Julie Delpy. Des plans troublants montrant son visage décomposé dans le miroir, ses crises de nerfs imprévisibles, elle est possédée par son personnage, et cela se voit à l'écran. Les autres acteurs sont tout aussi excellents, avec une mention particulière à accorder à Daniel Brühl, que j'ai pour ma part découvert avec Inglorious Basterds, de Tarantino. Il joue avec une infinie justesse le désarroi de son personnage, tiraillé entre son amour pour la comtesse, le refus de cette liaison de son père, et les choses qu'il apprend au sujet des exactions d'Erzsebet.

L'autre point important de ce film est sa réalisation. Tout d'abord, les costumes et décors sont criants de réalisme, ce qui permet de réellement se laisser prendre dans l'histoire. Réalisme renforcé par une réalisation faisant la part belle à un érotisme très charnel, par une succession de gros plans absolument magnifiques.

En conclusion, je dirais que La Comtesse est une très agréable surprise, notamment après l'échec (à mon avis), du film Hongrois sur ce même sujet. Car là où son prédécesseur jouait la ré-interprétation historique grandiloquente et parfois complètement farfelue (un comble !); le film de Julie Delpy oscille entre érotisme, histoire, non-dis et horreur.


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