critiquerestpascritiquer

Critiquer n'est pas critiquer

Samedi 10 avril 2010 à 16:20

Invictus ****


Réalisateur: Clint Eastwood

Acteurs: Morgan Freeman, Matt Damon...

Genre: Historique, Biopic, Sport


Histoire: En 1994, Nelson Mandela est élu président de l'Afrique du Sud. Pour en finir enfin avec le racisme et l'Apartheid, il décide d'unifier le pays autour du rugby, et plus précisément autour de l'équipe nationale, détestée de tous.

Clint Eastwood est un personnage très impressionnant. Un premier contact avec le cinéma en tant qu'acteur dans les westerns de Sergio Leone, il devient un réalisateur ayant écris les films humanistes les plus émouvants de ces dernières années (Space Cowboys, Million Dollar Baby et Gran Torino). J'attendais donc son dernier film Invictus avec impatience, étant notamment impressionné par le traitement fait du thème du racisme dans Gran Torino. Ce thème est ici développé, histoire de l'Apartheid oblige. On sent Morgan Freeman dans son personnage, ce sujet semblant le tenir à cœur. Son jeu est tout en finesse, et correspond parfaitement au tempérament calme et posé du personnage qu'il incarne. Matt Damon, lui, commence avec des doutes quand à ce nouveau président, doutes renforcés par une famille ouvertement raciste. Or, ces doutes se dissipent bien vite, et il se prend vite au jeu, jusqu'à partager complètement ses visées sportives.

Comment faire un film dont tout le monde connait déjà la fin ? Eastwood à réussi ce pari d'une magnifique manière, en réussissant à créer du suspens d'une situation historique. Mais l'important n'est évidemment pas cette fin, mais bien l'émotion véhiculée par ce film, et sa portée idéologique. Je trouve en effet rare qu'un film américain soit aussi peu manichéen. En effet, il n'existe pas de réel méchant dans Invictus, les racistes changeants vite d'opinion au cours du film. Eastwood signe donc ici son success-story, à l'opposé de la fin tragique de Million Dollar Baby. On sent le réalisateur posé et d'humeur à faire un film sur le bonheur, rien que le bonheur, chose de plus en plus rare en ce moment ...

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/u1InvictusAfficheUS337x500.jpg

Jeudi 1er avril 2010 à 13:27

The Ghost Writer ****


Réalisateur: Roman Polanski

Acteurs: Ewan Mc Gregor, Pierce Brosnan, Kim Catrall

Genre: Thriller


Résumé: Adam Lang, ancien premier ministre contacte un nègre pour écrire ses mémoires. Or, son précédent nègre vient d'être retrouvé mort sur la plage...


Je n'aborderai pas dans cet article la question de la vie personnelle de Polanski, qui comme son nom l'indique est personnelle et hors de propos dans une critique de film. On se trouve donc face à un thriller politique, assez loin de productions classiques du cinéma américain (cette phrase est entrain de devenir un de mes leitmotivs, je sais; je sélectionne les films que je vais voir dans cette optique). En effet, beaucoup de personnes lui reproche sa lenteur. Cet élément ne m'a pas marqué personnellement, l'intrigue étant assez bien ficelée pour tenir le spectateur en haleine le long du métrage (cela peut être aussi du au fait que je vais voir beaucoup de films « lents » (Le Ruban Blanc – Le Guerrier Silencieux) en ce moment). De nombreux retournements de situation sont là pour rythmer l'intrigue, tortueuse à souhait, aux allures impénétrables.

J'ai beaucoup apprécié le jeu d'acteur, notamment Ewan Mc Gregor, que je trouve de plus en plus sympathique en tant qu'acteur (impression renforcée par la vision des « Chèvres du Pentagone », que je critiquerais dans le futur). On sent réellement sa perte face à une histoire politique qui le dépasse complètement, ce qui est d'ailleurs la position du spectateur aussi. Le scénario met en effet un certain temps à se dévoiler, et chaque découverte fait que le mystère s'épaissit de plus en plus. Quant à Pierce Brosnan, on le découvre à l'opposé de ses rôles de James Bond, il est dans ce film tantôt comique (doutant complètement du rôle du nègre et de ses idées), tantôt terrifiant...


En bref, un film politique dans une époque qui l'est de même, un film lent et complexe dans une époque où le navet rapide et nerveux est de mise. Ce film est à contre-courant du cinéma actuel, et c'est bien cela que j'aime !

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/affichetheghostwriter.jpg

 

 

 

Mercredi 17 mars 2010 à 22:20

Sherlock Holmes **

 

Réalisateur: Guy Ritchie

Acteurs: Robert Downey Jr. - Jude Law – Mark Strong …

Genre: Policier/Humour


Résumé: Sherlock Holmes arrête le comte Blackwood, adepte de magie noire, qui est condamné à être pendu. Or, celui-ci réapparaît et continue ses méfaits, posant une énigme de taille au détective.


Guy Ritchie. Le génial réalisateur de Snatch et Arnaques, Crimes et Botanique. Aux commandes d'un film américain à grand budget. Aie. Aura-t-il vendu son âme au profit ? Oui et non …


Oui, car on se trouve bel et bien devant un blockbuster. Du côté réalisation, on assiste à une alternance entre scènes d'actions filmées de façon ultra-nerveuse (style de réalisation qui me déplaît de plus en plus), et des scènes au ralenti, à la mode depuis 300 de Zack Snyder. Le tout bourré d'explosions à tout va. De même, on est très loin des intrigues à tiroir propres aux premiers films de Ritchie, de ses multiples retournements et montages alternés. En bref, un rythme appuyé pour ne pas ennuyer le spectateur, à raison de combats et scènes spectaculaires à intervalles réguliers, propres aux films hollywoodiens actuels.


Oui et non ai-je dis ? Voici le non! On retrouve en effet la gouaille propre à Guy Ritchie à travers de nombreux dialogues cyniques, que porte à mon avis sur ses épaules Robert Downey Jr à lui seul. Je crois donc que c'est ici le seul intérêt à voir ce film, l'humour. Ces dialogues assez intenses, ces piques lancés entre les deux personnages séparent le film des autres blockbuster d'action, aux dialogues plats et insipides. Ces scènes comiques ne sont pas sans rappeler l'humour présent dans la série Dr House, sans toutefois atteindre leur puissance.


En définitive, je suis triste de voir quelle direction a pris Guy Ritchie, et doute que sa maîtrise du dialogue le sauve des griffes du cinéma formaté.

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/sherlockholmes148841923015267.jpg

Mardi 9 mars 2010 à 10:06

 

Océans ****



Réalisateurs: Jacques Perrin / Jacques Cluzaud

Acteurs: Mis à part Jacques Perrin lui même, les animaux marins, bien meilleurs acteurs que pas mal de monde à mon avis...

Genre: Documentaire / Opéra marin


Je me souviendrais longtemps de la projection d'Océans. Après une nuit quasi blanche, je vais à la séance du matin au Star St-Exupéry, avec la réelle envie de me détendre suite à une nuit passée à attendre un sommeil inaccessible. Je m'attendais à un documentaire Arte d'une heure quarante (ce n'est pas une critique, j'adore ces documentaires animaliers), et je découvre quelque chose qui s'apparente plus à un gigantesque opéra marin. Défilent à nos yeux dauphins, tortues, requins et crustacés dansant littéralement sur cette gigantesque piste qu'est l'océan.


Le premier point notable est la sonorisation du film. En effet, le son a ici une importance considérable, on entend le « chant » des baleines, tout comme un crustacé entrain d'être dévoré. Cela confère au film une atmosphère beaucoup plus réaliste que s'il n'était pourvu que d'une musique. Musique qui n'en demeure pas moins présente, bien qu'un peu grandiloquente (même si ce n'est pas un point réellement négatif).

Cette idée d'atmosphère réaliste m'amène au second point marquant: la caméra elle même. Une seule question se pose tout du long du film: comment les caméramans ont-ils pu filmer ces animaux d'aussi prêt, ou au moins aussi précisément sans qu'ils ne semblent le moins perturbés ? On a ainsi l'impression de nager à leurs côtés, impression renforcée par l'incroyable mobilité de la caméra, qui suit les poissons, traverse des bancs de méduses et longe les coraux de façon très fluide.

Mais tout n'est-il que beauté et volupté? Non, comme vient le prouver une scène aux ¾ du film. Pollution, filets de pêches meurtriers, requin mutilé et balancé vivant dans l'eau une fois démembré, cet aspect de l'océan n'est pas oublié. Particulièrement choqué par ce passage (âme sensible dès qu'il s'agit de bien-être animal), je soupirais de soulagement quand j'appris à la fin du film qu'aucun animal ne fût maltraité, des animatroniques étant utilisés à leur place. Le problème de la question écologique est bien évidemment posé, question à la mode actuellement. Ma question est la suivante : est-ce bien nécessaire de dédier un quart d'heure de barbarie, au beau milieu d'un film contemplatif, alors que la quasi totalité des médias nous rebattent les oreilles d'écologie à longueur de temps ? Le spectateur ne peut-il donc pas, à la simple vue de ces magnifiques créatures, se dire qu'il faut agir ? Étant un fervent défenseur de la maïeutique (et de la fin ouverte ce qui va dans ce sens en quelque sorte), je considère que montrer du doigt, quasiment rendre responsable le spectateur de par son inaction est un peu extrême.

Ce film est donc magnifique et spectaculaire (dans le sens naturel du terme, ne vous attendez pas à du Transformers), et je ne saurais que m'opposer à la critique sur Evene, pour qui le terme d'opéra sauvage est quasiment péjoratif. Mis à part la question de la fameuse scène pro écologique agressive sponsorisée par EDF et Total, je ne trouve rien à reprocher à ce film, qui est par la même occasion un coup de force technique. Les gens le trouvent lent ? Honnêtement on sait à quoi s'attendre avant d'entrer dans la salle, ne le critiquons pas pour ça !

http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/oceans.jpg

Dimanche 7 mars 2010 à 18:46

Shutter Island ****



Réalisateur: Martin Scorsese

Acteurs: Leonardo Di Caprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley...

Genre: Policier/Fantastique/Thriller


Résumé: Teddy Daniels, un marshall accompagné de son coéquipier Chuck, se rend sur l'île de Shutter, hopîtal psychiatrique pour patients jugés dangereux pour enquêter sur la disparition d'une patiente. Mais est-ce bien là le seul mobile de sa présence ?


Leonardo Di Caprio semble devenir le nouvel acteur fétiche de Martin Scorsese, au même titre que Robert de Niro ou Joe Pesci. Shutter Island est donc le 4ème film issu de cette collaboration, après Gangs of New-York, Aviator et les Infiltrés. Shutter Island est un Thriller, genre qu'il n'a plus approché depuis Les Nerfs A Vifs, qui date quand même de 1991. Et il ne semble pas avoir perdu la main, tant l'atmosphère est étouffante autant dans l'exploration du pénitencier/hôpital que dans les rêves de Teddy. Car le film est doublé de scènes d'un onirisme remarquable, reflétant à merveille les angoisses du héros et les problèmes qui se posent à lui. Il est à noter que seules ces scènes bénéficient d'une photographie lumineuse et colorée, le reste du film étant plongé dans une impressionnante tempête tropicale.

 

L'histoire est très prenante et on constate vite qu'il ne s'agira pas de ce que l'on croyait au premier abord. Car le spectre des camps de Dachau et du traumatisme qu'ils ont provoqué sur Teddy remonte à la surface pour donner une toute autre tournure à l'histoire, bien plus terrifiante. Avec cette nouvelle donnée, on constate trois univers visuels reconnaissables : le présent (l'île, la tempête, les branches d'arbres qui volent à travers l'écran), le passé (avec la musique de Mahler, les camps de Dachau, la brume et la teinte grise/blanche de l'image) et enfin le rêve (couleurs chaudes, idée de nostalgie). Des trouvailles visuelles assez impressionnantes sont visibles, notamment lors des rêves (la femme de Teddy entrain de se consumer sous ses yeux.)

 

Scorsese propose à Di Caprio un rôle dans la continuité de ses précédents films, traitant notamment de la folie (Aviator), ou du jeu de rôle dangereux (Les Infiltrés). Je ne m'attarderais pas sur ce sujet mais vous renvoie à l'analyse qu'en a faite Franck Kausch dans « Positif », numéro de mars 2010. Ce qui m'amène au dernier point: la musique. J'appréciais Scorsese pour son soucis de reconstitution de l'époque de l'histoire, et ce à travers les costumes, mais surtout la musique. Or, celle de Shutter Island se veut réellement angoissante, à l'image du thème où l'on semble entendre un fond de cornes de brumes, qui dès le générique de début donne au film le ton suffocant qui le suivra jusqu'à la fin (et même plus, le film portant à réflexion).

En conclusion, je dirais que j'ai beaucoup apprécié ce film, un thriller psychologique intelligent et subtilement construit à l'époque de bulldozers tels que Saw. Il marque la poursuite de la période Di Caprio dans la cinématographie de Scorsese, et j'oserai dire rompt avec la période De Niro / Pesci (Raging Bull, Les Affranchis et l'extraordinaire Casino).


http://critiquerestpascritiquer.cowblog.fr/images/shutterislandaffiche1.jpg

<< Page précédente | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | Page suivante >>

Créer un podcast