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Critiquer n'est pas critiquer

Jeudi 2 septembre 2010 à 10:30

Splice ***

Réalisateur: Vincenzo Natali
Avec: Adrien Brody, Sarah Polley, Delphine Chaneac
Genre: Science-Fiction, Fantastique

Résumé: Clive et Elsa sont un couple travaillant dans un laboratoire, où ils réussissent à créer de nouvelles formes de vie en combinant l'ADN de plusieurs espèces animales. Mais un jour, le pas est franchi: ils combinent cet ADN hybride à de l'ADN humain.

Vincenzo Natali est le réalisateur de Cube, film culte pour la communauté Science-Fiction. Il avait réussi à l'époque à faire naître la tension et la peur d'un décor unique. Chef d'oeuvre du genre, notamment grâce à son minimalisme, à l'opposé des grandes pompes attribuées d'ordinaire au genre. Après un Cypher qui ne marcha pas commercialement et un Nothing qui passa presque inaperçu, il est inutile de dire que Splice, le grand retour de Natali était attendu. A juste titre ?

La première chose qui marque est la qualité des effets spéciaux, d'un réalisme assez bluffant, surtout le travail qui a été fait sur l'actrice Delphine Chaneac, qui fût intégralement modifiée par informatique. Mais le film ne se repose pas uniquement sur ces effets, et je trouve même qu'il n'est que très rarement spectaculaire. Là où Cube s'interrogeait sur les micro-sociétés et la paranoïa, Splice s'interroge sur la parenté, l'acte de création et d'autres questions bien plus obscures. En effet, sur le plan comportemental, le film se déroule en deux parties: Elsa protégeant la créature qu'elle à crée, puis se désintéressant d'elle au fur et à mesure de son humanisation, et Clive tombant progressivement amoureux d'elle. Les questions de l'inceste, de l'infanticide sont alors sous-jacente dans ce film où l'ambiance est presque constamment oppressante.  Et c'est bien là le problème, selon moi, du film: le triangle amoureux dégénéré est à peu près son seul intérêt. Le film nous tient en haleine grâce à cette relation étrange. Or, la fin du film provoque un retournement de situation, et le récit part dans l'horreur pure, et en perd toute cette ambiance clinique et sinistre qu'il avait jusqu'à présent. 

Je ne dirais pas que c'est un mauvais film, c'est même de loin un des meilleurs films de science-fiction sortit actuellement. Malheureusement, je trouve que ce bouleversement final le fragilise réellement, au point d'avoir une impression de déception à la sortie, d'autant plus que la dernière minute laisse à présager une hypothétique suite.
A voir quand même pour la psychologie très développée des personnages, et l'ambiance avant le retournement.


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Vendredi 27 août 2010 à 15:01

  L'illusionniste *****
 

Réalisateur: Sylvain Chomet
Genre: Animation, Comédie Dramatique

Résumé: Jacques Tati est un magicien, qui, malgré un grand succès dans le passé, est aujourd'hui en perte de vitesse conséquente. Il entame alors une tournée en Angleterre, où il rencontre une jeune fille qui l'accompagnera le long de son voyage. 

L'histoire de L'illusionniste tient d'un scénario inédit de Jacques Tati, où celui-ci aurait dû jouer le rôle du magicien, mais qui n'a jamais pu être fait de son vivant. Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) s'en est alors emparé et a réalisé sa propre version, en animation traditionnelle. On reconnait vite le style nostalgique de Chomet, mêlant des décors très travaillés et suintants le "bon vieux temps", et des personnages secondaires caricaturés, même si j'ai trouvé le film plus mélancolique que la précédente création de son auteur. Il est d'ailleurs impressionnant de constater que des réalisateurs persistent à donner à l'animation traditionnelle des chefs d'oeuvres alors que le genre est aujourd'hui dominé par la 3D. "L'exploit" est d'autant plus mémorable que tout comme Les Triplettes de Belleville, le film est quasiment dénué de dialogues. Tout passe donc par les expressions des personnages, leur façon de bouger (notamment celle de Tati bien évidemment). 

En bref je dirais que c'est un excellent film d'animation, à voir notamment pour les techniques traditionnelles employées, et pour une histoire très intéressante, entre le Road-Movie et le film Initiatique.

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Vendredi 13 août 2010 à 21:25

   Enter The Void ****
 
 

Réalisateur: Gaspar Noé
Avec: Nathaniel Brown, Paz de la Huerta, Cyril Roy...
Genre: Drame / Fantastique / Trip

Résumé: Un jeune dealer vit à Tokio de ses ventes et de sa soeur strip-teaseuse. Mais un deal tourne mal et il se retrouve tué par la police. Commence alors un voyage sensitif ou il traversera la ville de nuit, ses souvenir, des cauchemars ...

Enter The Void est probablement le film le plus contesté de cette année, comme l'a été Antichrist à sa sortie. Il en est presque devenu naturel de voir les films de Gaspar Noé, enfant terrible du cinéma francais. Très fortement décrié pour Irréversible (scène de viol, meurtre brutal à l'extincteur), il semble s'être un petit peu calmé avec Enter The Void, du moins pour la violence. Ne croyez quand même pas que ce film est pour tout types de publics, car il n'en est rien. Il est violent, âpre, choquant et ponctué de scènes de sexes littéralement pornographique. Le public a été dérangé par deux éléments dans ce film. Tout d'abord, sa durée (2h40), couplée à un rythme assez particulier fait de flash-backs, souvenirs, rêves où il est dur de se repérer. Mais ce qui a réellement réussi à faire sortir de nombreux gens de la salle de cinéma, c'est surtout la réalisation très particulière du film.

En effet, le film est intégralement réalisé en vue subjective. Ce qui veut dire que quand le héros cligne des yeux, c'est un noir à l'écran. Quand il se shoote, on à droit à 10 minutes de serpentins colorés à l'écran. Par la suite, son esprit vole littéralement dans Tokio, voyageant entre souvenirs d'enfance et visions de ce qui se passe suite à sa mort. Cette mise en scène est assez éprouvante, si bien que de nombreuses personnes quittent la salle avant la fin du film. Car oui, il met mal à l'aise. Rien n'est épargné au spectateur: la caméra constamment attiré par les sources lumineuses, si bien qu'on se retrouve parfois avec une petite dizaine de minutes de blanc total de néon en gros plan, un accident de voiture répété encore et encore, une longue envolée d'en un hôtel de passes, une caméra intra-vaginale (si si !)... Tout est là pour mettre le spectateur mal à l'aise, même si à un moindre degré qu'Irréversible. 

Mais cet extrémisme n'est pas un défaut pour moi, surtout dans une période où le cinéma semble chercher à tout pris le grand public en évitant de choquer (c'est contestable, mais à mon avis, même les soit-disant films d'horreur insoutenables comme Paranormal Activity ou encore Saw ne provoquent pas le dixième de terreur que peut provoquer Les Chiens de Paille de Peckinpah, ou même Le Ruban Blanc d'Haneke, dans un autre registre.). Le réel défaut du film est ailleurs, à savoir dans l'histoire. Car en effet, le film entier peut se résumer en quelques mots: un drogué tue le personnage principal, qui va suivre sa soeur après sa mort et voir l'impact de sa mort sur son quotidien. Comme me le faisais très justement remarquer un ami, Enter The Void est un peu du Pasolini sans la réflexion et la question philosophique. 

Pour conclure, même si ce défaut parait assez important, tout comme le rythme très particulier du film, je pense qu'il serait difficile de le condamner pour cela au vu de la révolution visuelle qu'il apporte, à milles lieux d'un Avatar ou d'un Transformer. A réserver à un public averti, dans tout les sens du terme.


 
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Vendredi 18 juin 2010 à 15:05

 Encore un peu de pub, cette fois-ci pour mon court-métrage de fin d'année forme libre ;)

Jeudi 10 juin 2010 à 21:52

La Comtesse *****


Réalisatrice: Julie Delpy

Avec: Julie Delpy, Anamaria Marinca, Daniel Brühl, William Hurt.

Genre: Drame, Historique, Horreur

Résumé: Suite à la mort de son mari, la comtesse Erzsebet Bathory se retrouve à diriger un grand royaume. Elle tombe alors amoureuse d'un jeune noble. Or, le doute quand à ses sentiments subsistent et elle commence à s'inquiéter de sa vieillesse grandissante. Elle remarque alors que le sang de vierges à un effet rajeunissant sur sa peau.

La sinistre histoire (et authentique) de la comtesse Bathory à fait couler beaucoup d'encre, et cela va de même au cinéma, avec par exemple le récent « Bathory », superproduction hongroise. J'ai été très déçu par ladite production, que j'ai trouvé beaucoup trop impersonnelle et Hollywoodienne . Le scénario prenait alors à contrepied l'histoire traditionnellement connue, en présentant la comtesse comme victime d'un complot ourdi par Thurzo, qui visait à récupérer ses possessions. Le film, même s'il ne suit pas directement cette théorie (approuvée par de nombreux historiens), laisse planer le doute quand à la véracité des images.

Le film joue en effet beaucoup sur la folie de la comtesse, interprétée en toute finesse par Julie Delpy. Des plans troublants montrant son visage décomposé dans le miroir, ses crises de nerfs imprévisibles, elle est possédée par son personnage, et cela se voit à l'écran. Les autres acteurs sont tout aussi excellents, avec une mention particulière à accorder à Daniel Brühl, que j'ai pour ma part découvert avec Inglorious Basterds, de Tarantino. Il joue avec une infinie justesse le désarroi de son personnage, tiraillé entre son amour pour la comtesse, le refus de cette liaison de son père, et les choses qu'il apprend au sujet des exactions d'Erzsebet.

L'autre point important de ce film est sa réalisation. Tout d'abord, les costumes et décors sont criants de réalisme, ce qui permet de réellement se laisser prendre dans l'histoire. Réalisme renforcé par une réalisation faisant la part belle à un érotisme très charnel, par une succession de gros plans absolument magnifiques.

En conclusion, je dirais que La Comtesse est une très agréable surprise, notamment après l'échec (à mon avis), du film Hongrois sur ce même sujet. Car là où son prédécesseur jouait la ré-interprétation historique grandiloquente et parfois complètement farfelue (un comble !); le film de Julie Delpy oscille entre érotisme, histoire, non-dis et horreur.


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